Heureux celui pour qui je ne serai pas une occasion de chute. (Matthieu 11 : 6)
Les histoires bibliques me portent à réfléchir, à me plonger dans l’univers de ceux qui nous ont précédé en remarquant la ressemblance et la différence entre eux et nous en terme de croissance spirituelle. Elles sont riches en leçons de vie pour nous autres, chrétiens du 21e siècle.
Dans l’histoire de Jean-Baptiste, Jésus a fait une déclaration particulièrement étonnante. Longtemps, je me suis interrogée sur sa vraie signification. Comment Jésus, pourrait-il être une occasion de chute pour nous? Il était venu pour sauver le monde et non pour le perdre? Voulait-il dire qu’il pourrait causer la perte de plus d’un? Et c’est littéralement de cette façon, comment cela peut-il être? En examinant la vie de Jean le Baptiste, nous pouvons avoir une certaine lumière sur ce qu’il voulait dire.
Table des matières
Une scène trop familière
Je m’imagine une salle sombre, sale, qui n’a pas été nettoyée depuis des semaines, peut-être des mois. L’odeur nauséabonde des lieux se mélangent à celle repoussante des prisonniers qui ne se sont pas lavés depuis des lustres. Là, dans cette salle poussiéreuse gît Jean, le Baptiste.
Connais-tu ce personnage historique?
Ce n’est pas n’importe qui. C’est le cousin de celui qui à l’extérieur de ces murs, libre comme l’air, est en train de se faire un nom, Jésus. Peut-être ce dernier va-t-il même poser sa candidature? En effet, Jésus se fait connaître du peuple. Qui pis est, il possède dit-on des dons extraordinaires. Il fait des miracles. Et son cousin, Jean, où se trouve-t-il? Derrière les barreaux. Avec l’espoir être relaxé un jour? Non, pas du tout. Jean n’attend tout simplement que sa sentence de mort. Pourquoi?
Dans la salle d’attente
Jean est emprisonné parce qu’il a osé défendre les principes moraux de son célèbre cousin en devenir. Il n’a pas parlé de son chef. Il a parlé au nom de l’Agneau qui ôte le péché du monde (Jean 1 : 29). Jean a défendu les couleurs de sa patrie. Et le voilà maintenant en prison. De toute façon, a-t-il besoin d’avoir peur? Non, sûrement pas. Son cousin, Jésus, va le sauver, croit-il. Le fera-t-il? Bien sûr, Jean ne peut terminer son œuvre en prison, ou pire sacrifié. Il a une mission à terminer et si possible en compagnie de son fameux cousin dont il était la voix qui criait dans le désert pour lui préparer la voie (Jean 1 :23). Jean, n’aie pas peur, Jésus viendra te délivrer très bientôt. C’étaient peut-être les pensées de Jean.
Je l’imagine, essayant de se convaincre jour après jour de sa prochaine délivrance. Les heures passent. Bientôt des jours, puis des semaines. Rien. Encore rien. Toujours rien. Jésus ne lui envoie même pas un message de réconfort lui disant qu’il comprend sa souffrance, qu’il viendra très bientôt le voir.
D’ailleurs, Jésus commence à se faire des centaines de disciples. Il ne peut se déplacer sans qu’une foule immense ne le suive. Si jamais il voudrait rendre visite à un parent en prison, les autorités réfléchiraient à deux fois avant de lui en refuser l’accès par peur de représailles populaires. Alors, Jean attend.
Et les jours passent et avec eux se distille lentement la foi de Jean. J’imagine les questions douteuses qui s’insinuent dans son esprit. Ce n’est pas tellement la mort prochaine qui lui fait peur mais le silence de son divin cousin.
- Où est-il?
- Que fait-il?
- Pourquoi ne dit-il rien?
Puisque ces questions restent sans réponse, vient la pire de toutes : Jésus, est-il réellement le messie?
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Une situation injuste
Jean avait tout délaissé pour proclamer la venue du Messie, de l’envoyé de Dieu. Il avait reconnu publiquement Jésus comme ce Messie devant une foule qui lui faisait confiance. A-t-il vécu éloigné de tout, dépourvu de tout, sans femme ni enfants gratuitement? A-t-il renoncé au confort matériel pour un leurre? Une blague grotesque? Avait-il abandonné tout ce qui fait la satisfaction d’un homme pour un imposteur?
J’imagine comme nous autres dans une telle situation, les questions l’empêchant de dormir et de prier. Jean doit avoir une réponse. Une dernière réponse. Mais, il est en prison. Que peut faire un homme en prison? Une seule solution s’impose : poser direction la question au concerné, Jésus. Jean ne peut aller enquêter lui-même. Il doit donc envoyer des représentants.
Je pense que jusqu’à cet instant, il existait une lueur d’espoir en Jean. Il savait comment Dieu intervenait miraculeusement dans le passé. Il connaissait par cœur l’histoire de son peuple. Il était certain de ce que Dieu allait faire. N’était-il le grand Yahvé, Jehovah-Jire, le Tout-Puissant, le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob? Le Dieu dont il était la voix se manifestera à un certain moment. Mais Jean devait d’abord s’assurer qu’il ne s’était pas trompé de personnage.
Une cohorte de témoins
Réveillés à l’aube, les fidèles disciples de Jean le Baptiste partirent à la recherche de Jésus C’était facile de le trouver : là où il y avait foule, Jésus se trouvait. Il attirait les gens comme un aimant. Il faisait des miracles, n’est-ce pas? Qui n’en avait pas besoin? Oui, c’était facile de le trouver, mais le plus difficile était de lui parler personnellement. Va parler de ton désir de tête-à-tête à la femme atteinte d’une perte de sang. Elle te donnera la solution efficace, tu n’as qu’à toucher le bord de ses vêtements (Matthieu 9 : 19 – 22). Mais, les disciples de Jean n’avaient pas besoin de miracle pour eux, ils avaient besoin d’une unique réponse pour leur maître. Ils voulaient entendre la voix de Jésus.
Après bien de bousculades et des excusez-moi inaudibles, ils purent enfin avoir un tête-à-tête avec lui. Nous venons de la part de Jean, dirent-ils, te demander si tu es celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre (Matthieu 11 : 2 – 3)?
Attends une minute! Ce message ne peut être de Jean le Baptiste, n’est-ce pas? Rappelle-toi, c’est Jean qui avait baptisé Jésus. C’était Jean qui l’avait présenté à la foule comme l’Agneau de Dieu, Jean qui avait confié à ses disciples, anxieux de la popularité de Jésus : Il faut qu’il croisse et que moi je diminue (Jean 3 : 28 – 31). Ce personnage avait démontré une foi inébranlable en Jésus. Il ne pouvait pas maintenant mettre en doute l’identité de ce même Jésus, n’est-ce pas? Pourtant, c’était bien lui. Derrière les barreaux, loin de tout et de tous, sur le point de périr pour sa foi, il osait questionner ouvertement Jésus sur son identité.
Et comprends-moi bien, sa démarche était sincère, mais en même temps, elle plongeait dans la confusion ses disciples aussi. Quand le maître ne sait en quoi ou en qui croire, que demander de ses disciples?
A ce moment crucial de son pèlerinage spirituel, ce n’était pas uniquement la foi de Jean qui était bousculée mais également celle de ses disciples. Tes questions douteuses partagées ne sont plus seulement les tiennes, elles appartiennent aussi à ta famille, à tes amis, à ton entourage.
A ce moment crucial de son pèlerinage spirituel, ce n’était pas uniquement la foi de Jean qui était bousculée mais également celle de ses disciples. Tes questions douteuses partagées ne sont plus seulement les tiennes, elles appartiennent aussi… Share on XUne attitude encore plus troublante
Après avoir écouté les questions des disciples de Jean, Jésus n’a pas donné de réponse théologique immédiate pour défendre son identité. Il n’a pas rappelé les grandes déclarations passées de son cousin Jean. Il n’a pas utilisé un grand dsicours eschatologique, mais il leur demande tout simplement d’aller décrire ce qu’ils ont vu à Jean:
Allez rapporter à Jean ce que vous entendez et ce que vous voyez: les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent, et la bonne nouvelle est annoncée aux pauvres. Matthieu 11: 4 – 5
C’était une façon subtile de rappeler la véritable mission du messie tirée des prophéties messianiques que Jean connaissait sûrement. (Esaie 61:1)
Quand notre foi défaille, quand les circonstances semblent indiquer que Dieu n’est plus ce qu’il devrait être, retournons à la source de notre foi: la Bible.
Quand notre foi défaille, quand les circonstances semblent indiquer que Dieu n'est plus ce qu'il devrait être, retournons à la source de notre foi: la Bible. Share on XJésus comprend notre situation tout en restant souverain
Mais dans notre histoire, je m’attendais à une réponse de réconfort et d’affirmation de son identité beaucoup plus directe, mais Jésus savait ce dont Jean avait besoin. Jean ne voulait pas de déclaration plus éloquente mais des faits tangibles. Il connaissait la mission du Messie. Il n’avait pas eu la possibilité de le voir à l’œuvre et en prison, à ce moment crucial de sa vie, il voulait être rassuré d’avoir vraiment accompli sa mission.
Allez dire à Jean ce que vous avez vu, s’il voit que je ne l’ai pas délivré, ce n’est pas par manque de puissance, mais cela fait partie du plan global. Ne t’inquiète pas Jean, ta récompense sera grande dans les cieux. Maintenant, c’est le moment pour toi de te reposer en attendant mon retour. Ne t’inquiète, je vais continuer le travail à ta place. Toi, vaillant guerrier, va te reposer. Jean, je t’aime mais ton travail est terminé. A bientôt.
Tel était le vrai message de Jésus à Jean. Jean ne voulait avoir que cette assurance. Et Jésus adroitement lui a fait passer le message.
Et Jésus ajoute cette phrase énigmatique du début de notre article : Heureux celui pour qui je ne serai pas une occasion de chute.
Encore une fois, Jésus savait de quoi il parlait. Comme Jean, nous sommes tentés parfois de remettre en question l’identité de Jésus : est-il réellement celui qu’il dit qu’il est. Si oui, pourquoi ne fait-il pas ci, ne fait-il pas ça?
Ne tombons pas dans ce piège
Dans notre esprit, nous traçons souvent le modèle que doit suivre un Dieu d’amour, n’est-ce pas? Nous voulons lui expliquer son job, la façon de conduire l’univers. Et quand d’après nous, il échoue alors nous nous posons la question : est-il réellement Dieu? S’il l’est, pourquoi ne réagit-il pas? Nous oublions que Dieu n’a pas besoin de nos conseils. Il ne réagit pas. Il agit. Il a un plan. Il contrôle tout. Alors, je comprends un peu ce que Jésus voulait dire dans cette déclaration.
Heureux celui qui le connaît suffisamment pour ne pas lui imposer ses points de vue, ses barrières, ses frontières, ses conseils, pour ne pas faire une représentation de sa puissance. Car dans le cas contraire, ce sera pour sa propre chute. Dieu ne réagit suivant les caprices de ses créatures.
Heureux celui pour qui Jésus ne sera pas une occasion de chute. Seigneur, préserve-moi de tomber.
Pour aller plus loin
Passe du temps en compagnie de Dieu en organisant 21 jours de prière et de méditation.
À bientôt
Waw ! Excellente réflexion! Que Dieu vous bénisse…
Merci d’avoir lu cet article Koby.
Bonne croissance spirituelle,
Jacqueline